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retiré des affaires

Après un examen attentif des locaux, mon plan fut vite arrêté ; je devais attendre la nuit, sans trahir ma présence, dans les salles du musée même.

Cela m’évitait d’avoir recours au procédé de l’escalade et s’accordait mieux avec mon caractère qui ne désire qu’une chose passer inaperçu.

Après avoir inspecté les diverses salles du Louvre, j’optai pour celle des Antiquités égyptiennes, où sont exposées les momies, salle assez peu fréquentée du public et, profitant d’un moment où il n’y avait personne, je me glissai rapidement dans une haute boîte, sorte de gaine oblongue qui — je m’en étais assuré quelques minutes auparavant — était vide et pouvait contenir un locataire de ma modeste corpulence.

Je ne sais s’il vous est arrivé d’habiter quelque temps dans l’intérieur d’un sarcophage… Ceux qui l’auront tenté me comprendront. À vrai dire, on y est très mal ; on y respire à grand’peine, et cela sent affreusement le moisi.

Mais la situation s’aggrave lorsqu’on y doit rester des heures comme c’était mon cas.

La nuit vint ; j’entendis fermer les portes… Les minutes s’écoulaient, lentes, lentes ! et j’avais l’impression, à la longue, de revivre les millénaires qui nous séparent de la première dynastie.

J’étais fort indécis en somme… Comment sortirais-je de là ? Je n’avais encore rien trouvé lorsque, vers minuit, j’entendis les gardiens pénétrer dans la salle. Ils s’arrêtèrent, se mirent à causer et, n’ayant rien de mieux à faire, j’écoutai.

On sait quels étaient leurs propos. La contemplation prolongée de la reine Tia, les considérations funèbres qui s’ensuivirent, la nuit, la solitude et le naturel superstitieux de l’un d’eux les mettaient dans un état d’infériorité certaine.

Ce me fut une inspiration. Plutôt que de compter sur le hasard qui pourrait bien ne point se manifester, je