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retiré des affaires

Allan Dickson s’était levé d’un bond et m’avait empoigné par la manche.

— Oh ! ne craignez rien, dis-je en souriant, je n’ai nullement l’intention de vous fausser compagnie… Mon unique désir est de comparaître le plus tôt possible devant la justice, afin de me laver de l’accusation qui pèse sur moi… Vous voyez que je suis un « client » raisonnable… Cependant, en raison de la docilité même dont je fais preuve, j’ose espérer que vous aurez pour moi quelque indulgence et ne refuserez pas de répondre à une question qui me brûle les lèvres… Comment avez-vous pu me découvrir ici ?…

— Oh !… c’est bien simple, Monsieur Pipe, répondit Allan Dickson… J’avais, je l’avoue, tout à fait perdu votre piste et je n’espérais même plus vous retrouver, quand j’ai reçu, à mon bureau, un coup de téléphone… C’est vous-même qui me demandiez, paraît-il… alors, je suis venu.

— Vous voulez rire, je suppose ?

— Non… pas du tout… c’est l’exacte vérité… vous m’avez appelé, sans vous en douter, peut-être. Alors, une personne obligeante qui vous a entendu a bien voulu me prévenir… Ah ! monsieur Pipe, il est parfois dangereux de rêver et surtout de parler en rêvant… On laisse ainsi échapper certaines confidences qui vous trahissent, car il y a toujours, derrière les murs, des oreilles indiscrètes… surtout dans les hôtels… Vous comprenez, maintenant ?

Hélas ! oui… Je ne comprenais que trop ! Je m’étais dénoncé moi-même…

Décidément, la fatalité me poursuivait.

J’avais cru, un instant, pouvoir remonter le courant ; mais tous mes efforts avaient été vains et j’étais, à l’heure présente, entraîné vers l’abîme !!…