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retiré des affaires

la nuit, quelques-uns des rayons de la maison Robinson, mais je renonçai à ce projet. Puisque j’avais de l’argent en poche, à quoi bon risquer une expédition semblable qui pouvait très mal finir ? Maintenant que j’étais délivré de mes ennemis, il s’agissait de manœuvrer avec prudence jusqu’à ce que j’eusse mis entre eux et moi plusieurs centaines de kilomètres.

J’en étais là de mes réflexions, quand il me sembla entendre dans la chambre voisine de la mienne un bruit étouffé. Je prêtai l’oreille et perçus une sorte de bredouillement confus ; par instants, une porte s’ouvrait sur le palier ; des gens allaient et venaient dans le couloir, d’un pas rapide et feutré. Je pensai tout d’abord qu’il y avait un malade dans l’hôtel, mais bientôt des rires étouffés se firent entendre.

Une porte condamnée se trouvait à gauche de la table devant laquelle j’étais assis, et je crus remarquer que, de temps à autre, une ombre venait intercepter le petit filet de lumière qui passait par la serrure.

J’étais très inquiet. Quand on a, comme moi, la conscience un peu chargée, on se tient continuellement sur ses gardes.

J’allais sonner pour demander ma note, quand on frappa à la porte.

C’était le garçon.

— Monsieur, me dit-il avec une politesse que l’on sentait de commande, il y a quelqu’un qui voudrait vous parler.

— À moi ?

— Oui, monsieur.

— Je n’attends personne… il y a certainement une erreur… que celui qui veut me voir fasse passer sa carte.

— La voici, monsieur, le visiteur m’a justement prié de vous la remettre.

Et en disant ces mots, il me tendait un petit carré de bristol que je pris d’un geste brusque et sur lequel je lus avec effarement : Allan Dickson, détective.