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retiré des affaires

le doute n’était pas possible, on s’était mis à ma poursuite.

Probablement qu’un détective m’avait pris en filature à la sortie des magasins Robinson, et cela, sur les indications de l’inspecteur à cravate blanche qui avait tenu à faire montre de zèle. En tout cas, le détective en était pour ses frais. Ce gentleman ne ferait jamais ma connaissance.

Arrivé à East Finchley, je réglai mon chauffeur et lui donnai un royal pourboire. Quand il eut disparu, je me dirigeai rapidement vers la gare du métro, pris le train pour une destination quelconque, roulai pendant trois quarts d’heure, changeai de ligne deux ou trois fois, puis, finalement, m’arrêtai à Kensington.

Là, j’entrai dans un grill-room, ingurgitai un beefsteak arrosé d’une pinte d’ale, puis je me mis en quête d’un hôtel.

Élégant comme je l’étais, depuis ma visite aux magasins Robinson, je ne pouvais loger dans un bouge, aussi fus-je obligé de prendre une chambre au Victoria Palace.

Allan Dickson et Bill Sharper n’auraient certes pas l’idée de venir me chercher là !

Je n’y séjournerais pas longtemps d’ailleurs, car mon intention était de quitter Londres le plus tôt possible. J’avais pensé tout d’abord à me rendre en Hollande, mais pouvais-je risquer ce voyage, maintenant que Manzana, Bill Sharper, Allan Dickson et Édith allaient être ligués contre moi. Ma maîtresse, en apprenant quel genre d’individu j’étais, n’hésiterait point, pour s’innocenter et prouver qu’elle ignorait mes louches trafics, à raconter l’histoire de l’oncle Chaff. Manzana, de son côté, parlerait du lapidaire d’Amsterdam, et Allan Dickson, qui n’était pas un imbécile, comprendrait sans peine pourquoi je tenais tant à passer en Hollande.

Ah ! je n’étais pas encore près de le vendre, mon diamant !

Éreinté, fourbu, n’en pouvant plus, je me couchai,