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XXIV

un mauvais rêve

Le taxi venait de quitter Marylebone Road et s’engageait dans Albany street, quand je crus remarquer qu’une auto rouge nous suivait. C’était peut-être une idée, mais, pour en avoir le cœur net, je commandai à mon chauffeur de tourner brusquement à droite, ce qu’il fit à la première rue qui se présenta.

L’auto rouge tourna également et je ne tardai pas à la revoir, à cent mètres environ derrière moi.

— Activez… activez !… dis-je au chauffeur… il y a deux livres pour vous si vous semez la voiture qui nous suit.

L’homme mit toute l’avance à l’allumage, mais je voyais bien que l’auto rouge gagnait sur nous.

Il y avait dans mon taxi, dissimulées dans un petit coffre, trois bouteilles que le cabman avait mises en réserve. Je les pris les unes après les autres et les lançai par la portière de façon qu’elles tombassent presque au milieu de la rue. Elles se brisèrent avec fracas, semant sur le sol de gros éclats de verre…

L’un d’eux fut fatal à l’auto rouge.

Bientôt, je la vis qui ralentissait, puis s’arrêtait.

— Ça y est ! s’écria mon chauffeur… ça y est !… Ils ont crevé !

— Marchez… marchez toujours !

J’avais décidément plaqué ceux qui me suivaient, car,