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mémoires d’un cambrioleur

peuvent bien, de temps en temps, nous offrir quelques vêtements…

Ce débutant avait, comme on le voit, de bons principes. J’en eusse certainement fait un habile « opérateur » si j’avais pu m’occuper de lui, mais d’autres préoccupations m’assiégeaient… j’avais trop d’affaires sur les bras. Tout ce que je souhaitais pour l’instant, c’était de sortir du magasin et de m’éloigner de Londres le plus vite possible. Je n’avais pas encore de plan bien arrêté, mais je mettrais tout en œuvre pour échapper à Allan Dickson,

Celui-là seul était à craindre, car avec lui, il était impossible de ruser, tandis qu’avec Manzana et Bill Sharper, je pouvais encore m’en tirer.

— Attention ! me dit soudain mon « confrère »… on ouvre les portes.

Il y eut un roulement prolongé, puis un bruit de pas rapides, qui s’accentua, devint formidable.

Une cloche se mit à tinter.

Et, peu à peu, le silence se fit, troublé seulement de temps à autre par un ordre lancé à haute voix, un chiffre annoncé à la caisse.

C’est le moment, me dit le jeune homme… ôtez donc votre chapeau.

Nous sortîmes tous deux de dessous notre comptoir.

— Tiens, s’écria un employé qui nous avait aperçus, d’où viennent-ils ceux-là… Vite ! Vite ! Mac Ferson, appelez un policeman !

Mais, avant que le nommé Mac Ferson, un gros lourdaud d’inspecteur qui était en train de rajuster sa cravate blanche devant une glace, eût eu le temps de se retourner, mon compagnon et moi étions déjà sur le trottoir.

Un taxi passait, je le hélai et laissant là le jeune homme qui semblait fort désireux de faire plus ample connaissance avec moi, je disparus en moins de dix secondes, roulant à toute allure vers un quartier plus sûr.

J’avais jeté une adresse quelconque au chauffeur, mais