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retiré des affaires

un homme galonné qui donnait des ordres d’une voix tonitruante.

Soudain, j’entendis remuer à quelques pas de moi et j’aperçus un jeune homme qui me regardait avec de gros yeux ronds. Il était accroupi sous le même comptoir que moi et je ne l’avais pas remarqué tout d’abord car le coin où il se trouvait était très sombre…

Il parut d’abord effrayé, puis voyant que j’étais aussi étonné que lui, il se rapprocha doucement et me dit à voix basse :

— Vous attendez l’ouverture ?

— Oui.

— Encore dix minutes… C’est la première fois que vous venez « travailler » ici ?

— Oui…

— Alors, je vais vous donner un conseil… Ne vous pressez pas de sortir… Ici, nous sommes en sûreté… nous sommes sous le comptoir des emballages et il est bien rare que l’on commence les paquets avant neuf heures… Quand vous entendrez sonner la cloche, vous n’aurez qu’à me suivre, mais par exemple, il faudra enlever votre chapeau et le tenir à la main.

— Et pourquoi cela ? demandai-je, un peu méfiant.

— Parce que, de la sorte, on vous prendra pour un employé… D’ailleurs, fiez-vous à moi, voilà quinze jours que je viens ici… j’ai l’habitude de la maison…

J’admirai le sang-froid de ce jeune homme.

Je l’avais d’abord pris pour un détective, mais son superbe complet, ses bottines neuves, son chapeau neuf et le joli pardessus qu’il tenait roulé sous son bras prouvaient suffisamment qu’il venait comme moi, de se vêtir, sans bourse délier, aux rayons si bien assortis de la maison Robinson and Co. Il avait, ma foi, une figure des plus sympathiques.

— Vous comprenez, me dit-il sur un ton de confidence, ils gagnent assez d’argent dans cette boîte-là, ils