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XXIII

la maison du bon dieu

J’étais maintenant dans un couloir encombré à droite et à gauche, de caisses et de ballots symétriquement rangés et sur lesquels on avait étalé une grande bâche de toile cirée.

Je demeurai un instant immobile, craignant que mes bottines en touchant un peu trop brutalement le sol n’eussent éveillé dans ce couloir des échos inquiétants, mais rien ne bougea autour de moi.

Ceux qui me cherchaient ne tardèrent pas à passer devant la maison, et j’entendis ces mots prononcés par une grosse voix enrouée : « Il a dû filer par Wardour Street ».

À n’en pas douter, c’était la voix de Bill Sharper… Ainsi, je n’avais pas seulement à mes trousses le détective Allan Dickson… J’étais aussi poursuivi par les acolytes de Manzana. Si je parvenais à échapper à tant d’ennemis, j’aurais vraiment de la veine !

Pendant près d’un quart d’heure, je demeurai blotti contre les marchandises qui s’entassaient dans le couloir, puis, certain que l’on avait perdu ma trace, je commençai à envisager avec plus de calme la situation.

Deux solutions s’offraient à moi : ou repasser par l’imposte et revenir dans la rue, ou demeurer jusqu’au jour dans le magasin qui me servait momentanément de refuge. Je le connaissais bien ce magasin, pour y être venu souvent, lorsque j’avais besoin de quelque objet de toilette.