Page:Galopin - Mémoires d'un cambrioleur retiré des affaires, 1922.pdf/203

Cette page a été validée par deux contributeurs.
203
retiré des affaires

— Écoutez, reprit le détective…

— Je vous écoute.

— Avez-vous quelquefois, de la rue, observé la maison où nous sommes, en ce moment ?

— Ma foi, j’avoue que…

— Eh bien, si, un soir, vous vous étiez posté sur le trottoir d’en face, vous auriez pu vous convaincre que, malgré les rideaux qui garnissent vos fenêtres, on voit tout ce qui se passe ici… Votre cabinet de toilette, surtout, est très lumineux…

Je compris qu’Allan Dickson m’avait aperçu au moment où je procédais à la petite opération que l’on sait…, je compris qu’il me tenait… que le fil conducteur qu’il avait dans la main allait bientôt se changer en lasso et que je serais bel et bien à la merci de cet homme.

— Défendez-vous, mais défendez-vous donc, me cria Édith, à travers les rideaux du lit, vous ne voyez donc pas que l’on cherche à vous compromettre…

Je ne le voyais que trop, mais tout ce dont j’aurais pu arguer pour ma défense n’eût servi absolument à rien.

En ce moment, je songeais à autre chose…

Allan Dickson qui lisait sans doute dans ma pensée, s’était levé brusquement. Je le vis mettre la main à sa poche, pour y prendre sans doute son revolver, mais avant qu’il eût achevé ce geste, je m’étais précipité vers la porte dont la clef était demeurée à l’extérieur, et l’avais vivement refermée à double tour.

Avant que le détective eût pu faire sauter la serrure, j’étais déjà dans la rue.

Soudain, une silhouette se dressa devant moi, puis une autre, un policeman émergea de l’ombre… une affreuse voix hurla à deux ou trois reprises : « Arrêtez-le !… arrêtez-le ! » Une balle siffla à mon oreille, mais j’échappai aux mains tendues qui essayaient de me saisir, je glissai entre les gens qui s’efforçaient de me barrer le chemin, et bientôt je m’enfonçais dans une rue obscure, puis dans