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retiré des affaires

mais comme un inculpé envers qui toute politesse est superflue.

— Monsieur Pipe, dit-il en entrant, nous avons à causer sérieusement.

Et aussitôt, il s’assit dans l’unique fauteuil qui garnissait notre chambre.

— Oui, reprit-il, il faut que nous tirions au clair cette affaire-là… et vous allez m’y aider, j’en suis sûr. Voyons… vous avez une autre pièce que celle-ci ?…

— Oh ! un simple cabinet de toilette.

— Il donne sur la rue ?

— Oui… sur la rue…

— Bien… Vous habitez ici avec Mme Pipe ?

— Oui…

— Personne n’est venu vous rendre visite ce soir ?

— Personne…

— Ah !… Voilà qui est curieux… Figurez-vous, monsieur Pipe, que j’ai, de la rue, aperçu à l’une de vos fenêtres, un homme qui allait et venait…

— C’était moi, assurément…

— Alors, c’est vous qui avez ouvert tout à coup la fenêtre et lancé ceci dans la rue ?

Et Allan Dickson, tirant de sa poche la poignée de crin qui avait servi à mon camouflage, me la présenta en disant :

— Quelle idée vous avez eue, cher monsieur, d’arracher le crin de ce fauteuil… Tenez, on voit très bien, ici, l’ouverture que vous avez pratiquée dans l’étoffe…

J’étais perdu, je le sentais bien, mais j’essayais quand même de conserver mon calme.

Allan Dickson fixait sur moi son œil d’acier, cet œil terrible, aigu et térébrant comme une mèche de scalpel, cet œil qui avait déjà percé tant de consciences et extirpé des aveux à tant de malfaiteurs…

— Vous avez eu tort, ajouta-t-il en riant, d’abîmer ainsi ce fauteuil… votre logeuse vous fera certainement payer cette dégradation…