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mémoires d’un cambrioleur

— Voyons, donnez-moi un signalement…

— Oh !… quelque chose d’horrible, de fantastique, de diabolique… Si j’étais superstitieuse, je croirais que c’est Satan en personne qui s’est introduit chez moi ce soir…

— Ce n’est pas un signalement que vous me donnez là… précisez, je vous prie.

— Je précise… Il avait une affreuse figure rouge… et ses yeux formaient comme deux trous noirs au milieu de son visage… Quant à ses cheveux et à sa barbe, ils étaient noirs et frisés, mais bizarres… on aurait dit des cheveux de nègre…

— Et son costume ?

— Étrange aussi… un veston à carreaux… quelque chose comme un habit d’arlequin…

— Cet homme vous a-t-il parlé ?

— Non, monsieur… il m’a seulement regardée avec des yeux terribles qui brillaient comme ceux d’un chat enragé.

— Y a-t-il une double issue dans cette maison ?

— Non, monsieur… il n’y en a qu’une…

— Alors, le malfaiteur est ici… car je suis en faction depuis huit heures, dans la rue, et n’ai vu sortir personne…

— Cependant, fit miss Mellis, cet homme a bien dû entrer par la porte ?

— Avant huit heures, alors… Et encore, non, car l’agent que j’avais posté devant votre maison n’a vu qu’une vieille dame et une bonne pénétrer ici.

— La vieille dame est ma locataire du second… quant à la bonne, c’est la mienne… la voici.

— Donc, pas d’homme… Votre agresseur se trouvait par conséquent dans la maison depuis longtemps…

J’admirais, malgré moi, l’imperturbable logique du détective et je commençais à être sérieusement inquiet…

Parfois il me regardait, comme pour me demander mon