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retiré des affaires

titres valaient certes les siens ; nous étions deux adversaires dignes l’un de l’autre…

Il s’agissait de jouer serré, car la moindre imprudence de ma part pouvait me livrer à Allan Dickson.

Miss Mellis un peu revenue de son émotion avait fait entrer le détective dans le salon et commençait à lui expliquer ce qui s’était passé.

Comme, par discrétion, j’avais voulu me retirer, Allan Dickson me retint :

— Non… non, restez, dit-il… vous habitez la maison… vous pourrez peut-être me donner quelques précieuses indications.

Le ton avec lequel il avait prononcé ces mots me troubla légèrement… Se douterait-il ? Mais non, cela était impossible… mon coup avait été trop bien combiné !

Une chose me tracassait toutefois. J’avais laissé les bank-notes de miss Mellis dans ma chambre, mais les livres et les shillings se trouvaient dans les deux poches de mon gilet et cliquetaient doucement dès que je faisais le moindre geste.

Je pris le parti de faire le moins de mouvements possible.

— Voyons, articula Allan Dickson, vous dormiez, dites-vous, quand cet homme est entré dans la pièce où nous sommes en ce moment ?

— Oui, monsieur, répondit miss Mellis… je dormais en effet… ici les journées sont très dures et quand arrive le soir…

— Vous avez cependant pu l’apercevoir ?

— Oh ! oui, monsieur… Comme je vous vois en ce moment… et… tenez… rien que d’y penser, je suis près de m’évanouir…

— Rassurez-vous, voyons… vous savez bien que vous n’avez plus rien à craindre maintenant…

— Je le sais, monsieur… mais c’est plus fort que moi… tant que je vivrai, j’aurai toujours présente à l’esprit la figure de cet affreux individu…