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XXII

où je prends une rapide décision

C’était un gentleman de taille moyenne, solidement charpenté, vêtu avec élégance. Son regard était si aigu que quelque chose persistait encore de cette acuité, quand il ne vous regardait plus. Ses joues glabres, très fermes, semblaient usées par le rasoir. Les maxillaires en saillaient, plus robustes, agités vers les apophyses d’un petit tic rapide et régulier.

Je le reconnus immédiatement, car il avait une de ces figures que l’on n’oublie jamais lorsqu’on les a vues une fois. J’avais fait sa rencontre, le jour même, au poste de police et c’était lui qui avait paru s’intéresser si vivement à moi.

Il se présenta :

— Allan Dickson, détective.

À ce nom, je sentis mes jambes fléchir sous moi… et un petit frisson me courut le long des reins…

Ainsi, c’était donc lui, lui dont le nom était dans tous les journaux… cet homme terrible à qui on devait la capture de tant de malfaiteurs. Jamais, fort heureusement, nous ne nous étions trouvés face à face… Jamais, malgré toute son habileté, il n’avait eu l’honneur de m’appréhender. S’il avait pu se douter qu’il avait devant lui le « cambrioleur masqué d’Euston Road », le « voyageur invisible de Gravesend », le « faux clergyman de Winchester », le « vagabond de Ramsgate », et aussi le « possesseur du Régent » ! Dans un ordre différent, mes