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mémoires d’un cambrioleur

lançai dans le vide ma perruque et ma barbe de crin, me débarbouillai à grande eau, puis quand j’eus fait disparaître les dernières traces de mon horrible maquillage et remis un peu d’ordre dans ma tenue, j’ouvris doucement le sac de miss Mellis et fis l’inventaire de ce qui s’y trouvait…

Il contenait quatre-vingts livres en bank-notes, dix couronnes et vingt-cinq shillings…

On voit que ma petite expédition n’avait pas été inutile.

J’eus un moment l’idée de jeter par la fenêtre le sac de toile, mais je jugeai plus prudent de le brûler dans la cheminée où flambait un bon feu de houille.

— Que faites-vous donc, Edgar, bredouilla Édith qui s’était à demi réveillée, vous ne vous couchez donc pas ?

Elle n’entendit probablement point la réponse que je lui fis, car elle se rendormit presque aussitôt.

Je venais de passer mon pyjama et je m’apprêtais à boire un peu de whisky, quand des cris affreux retentirent dans l’escalier…

Cette fois, Édith se dressa d’un bond sur son lit.

— Mon Dieu !… s’écria-t-elle… qu’y a-t-il donc ?… Le feu est-il à la maison ?

Courageusement, je m’étais précipité vers la porte.

— Oh ! Edgar ! Edgar ! où allez-vous ?

— Mais porter secours à la personne qui appelle… il me semble reconnaître la voix de miss Mellis… Si elle est menacée, puis-je la laisser assassiner ?

Et malgré les supplications de ma maîtresse, je me lançai dans l’escalier.

Je trouvai miss Mellis sur le palier du premier étage. Sa bonne Mary se tenait à côté d’elle. Toutes deux tremblaient affreusement et poussaient des cris perçants.

Dès qu’elles m’aperçurent, elles se précipitèrent dans mes bras.

Pour elles, j’étais le sauveur, et il fallait voir comme elles me serraient.