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mémoires d’un cambrioleur

un amour d’homme… un petit Edgar chéri… le plus parfait des amants.

La soirée s’acheva en délicieuses causeries, en projets, en espoirs. Je promis à Édith de l’emmener le lendemain à Douvres, puis de là en Hollande et je lui jurai que sur le premier argent provenant de l’héritage de l’oncle Chaff, je lui paierais un joli collier de perles et une superbe aigrette en diamants… Bref, je l’éblouis, et la pauvre petite, fascinée par l’éclat des cadeaux que je faisais miroiter, je ne dirai pas à ses yeux, mais à son esprit, tomba dans mes bras en murmurant :

— Oh ! Edgar ! Edgar ! que vous êtes gentil et comme je vous aime !…

J’étais à peu près sûr de mon effet, car je sais par expérience que les femmes ne résistent jamais à l’appât d’un bijou… Édith était vaincue… du moins je l’avais reconquise… C’est tout ce que je désirais. Il n’eût plus manqué qu’elle devînt une ennemie, elle aussi !

Manzana, Bill Sharper et Édith, c’eût été trop vraiment et j’eusse fatalement succombé sous le poids de tant d’inimitiés.

Je la déshabillai et la mis au lit comme un petit enfant. Elle ne tarda pas à s’assoupir et à rêver sans doute de colliers de perles et d’aigrettes de diamants…

Quand j’eus acquis la certitude qu’elle était bien endormie, je pris mon canif et, tout doucement, fis une profonde entaille dans le fauteuil d’où je retirai une grosse poignée de crin noir. Passant ensuite dans le cabinet de toilette, je procédai, sans bruit, à un camouflage des plus habiles.

Au moyen des diverses pâtes dont Édith se servait pour sa toilette, je me teignis la peau en rouge, dessinai un cercle noir autour de mes yeux, puis éparpillant le crin sur ma tête, je me fis une perruque frisée (une vraie perruque de Papou). Je me confectionnai ensuite une barbe et une moustache que je collai sur mon visage avec un peu de seccotine.