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retiré des affaires

— Oui, aujourd’hui seulement.

— Cela prouve alors que vous êtes peu perspicace…

La discussion s’envenima. Édith me décocha une épithète qui me déplut ; je ripostai par une autre. Alors, elle se monta :

— C’est bien, dit-elle, je vous connais maintenant… Vous cachiez votre jeu, mais votre mauvais naturel a quand même repris le dessus… Je sais ce qui me reste à faire.

Elle prit son chapeau, l’épingla dans sa chevelure d’une main nerveuse, jeta son manteau sur ses épaules et me dit en me regardant fixement :

— Inutile de m’attendre, vous savez !

— Voyons, Édith, insistai-je, cherchant à la retenir… Si je vous ai dit quelque chose de blessant, je le regrette sincèrement et je vous fais toutes mes excuses…

— Non !… non ! laissez-moi !

— Allons ! soyez raisonnable… Vous avez dit tout à l’heure que j’étais un être énigmatique… c’est possible, mais vous voudrez bien reconnaître cependant que je ne suis pas un mauvais diable… et si l’un de nous deux a des raisons pour se plaindre de l’autre, il me semble que c’est moi…

— Que voulez-vous dire ?

— Voyons… vous le savez bien…

— Non… je ne saisis pas…

— Vous oubliez vite…

Édith avait certainement compris à quoi je faisais allusion, car elle devint toute rouge et ne répondit pas.

— Allons, fis-je en l’embrassant, soyez raisonnable… j’ai tout oublié…

Elle résistait encore, mais mollement et je me montrai si tendre, si câlin, si caressant qu’elle finit par jeter son manteau sur une chaise et par ôter son chapeau.

La paix était faite et nous la scellâmes d’un long baiser…

Je n’étais plus maintenant un être énigmatique mais