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mémoires d’un cambrioleur

— J’y compte bien, répondit la désagréable petite femme… si c’est tout ce que vous aviez à me dire…

— Je voulais vous dire aussi que nous avons l’intention de dîner dans notre chambre.

— C’est bien, quand Mary sera rentrée, je vous ferai monter à dîner… Il y a ce soir du fillet-steak et des cauli-flowers

Miss Mellis, qui ne tenait point sans doute à prolonger la conversation, remit ses lunettes qu’elle avait posées à côté d’elle sur un tabouret et se plongea dans la lecture d’un livre de religion.

— Et alors ? fit Édith lorsque je reparus…

— Tout s’est bien passé, répondis-je… nous aurons notre dîner…

Et je me laissai tomber dans un fauteuil, pendant qu’Édith attachait avec des faveurs les pièces de lingerie que les grosses mains de Bill Sharper avaient quelque peu froissées.

Nous demeurâmes longtemps silencieux ; ma maîtresse eût bien voulu causer, mais moi j’avais besoin de me recueillir un peu.

L’idée dont j’ai parlé plus haut m’obsédait de plus en plus.

La bonne apporta le dîner. Je remarquai que miss Mellis nous avait réduits à la portion congrue. Décidément, il était temps que nous quittions sa pension.

Pendant tout le repas, Édith ne me parla que du diamant. À présent qu’elle était plus calme, elle commençait à raisonner et ses questions ne laissaient pas que de m’embarrasser un peu. Quand les femmes se mettent à vous interroger, elles deviennent insupportables. Je répondis comme je pus, mais je vis bien qu’un doute subsistait dans l’esprit de ma maîtresse.

À la fin, elle laissa tomber ces mots :

— Vous êtes, mon cher, un être bien énigmatique…

— Ah ! fis-je en m’efforçant de rire, vous vous en apercevez aujourd’hui…