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mémoires d’un cambrioleur

vérisât, mais ces accidents-là n’arrivent généralement qu’à ceux qui ne les souhaitent pas.

Édith ayant manifesté le désir d’aller dîner au restaurant, je lui fis comprendre que cela serait imprudent.

— Mes ennemis me guettent peut-être en bas, lui dis-je… À quoi bon nous exposer à une nouvelle aventure ?

— Alors, demanda-t-elle, nous ne pourrons plus nous risquer dehors ?

— Je n’ai pas dit cela… Je tiens simplement à vous mettre en garde contre ce qui pourrait nous arriver aujourd’hui… Demain, il y aura du nouveau…

— Et du bon ?

— Je l’espère…

J’avais dit cela machinalement, pour dire quelque chose, car, à ce moment, ma pensée était ailleurs… Oui, je venais d’avoir une idée, mais une idée qui n’avait rien à voir avec les préoccupations d’Édith… et je me demandais comment je pourrais bien la mettre à exécution. C’était tellement fou, tellement audacieux que je la repoussai tout d’abord, mais peu à peu, je finis par la trouver plus réalisable…

Je me gardai bien de faire part à Édith du projet que je roulais dans ma tête, car ma maîtresse n’était point une confidente. J’étais obligé de lui cacher tout de ma vie et de mentir continuellement avec elle. Peut-être est-ce à ce manque de sincérité que je devais le vif amour qu’elle avait pour moi — car Édith m’aimait, j’en étais sûr… Dire que cet amour serait allé jusqu’à un sublime dévouement, cela paraîtrait sans doute exagéré, mais enfin ma maîtresse avait pour moi une réelle affection, surtout depuis qu’elle connaissait l’existence de l’oncle Chaff, ce brave homme qui voulait, avant de mourir, remettre toute son immense fortune entre mes mains. Des oncles comme ceux-là ne se douteront jamais combien ils sont chéris non seulement de leurs neveux mais encore des maîtresses de ces derniers.