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retiré des affaires

relations de tels bandits peuvent-ils avoir avec un gentleman comme vous ?

— C’est pourtant bien simple, Édith… oui, c’est tout ce qu’il y a de plus simple… Le nommé Manzana a été, comme je vous l’ai déjà dit, domestique chez mes parents et comme il avait dérobé dans la chambre de ma mère un superbe diamant, nous l’avons fait arrêter… Or, savez-vous ce que le drôle a dit devant le juge d’instruction ?… Il a prétendu que c’était moi qui étais le voleur… Faute de preuves, on l’a relâché, mais le misérable a juré de me faire chanter et, chaque fois qu’il me retrouve, il me réclame le diamant afin de le rendre à mon père, prétend-il… Vous saisissez la petite combinaison, n’est-ce pas ?

— Pas très bien… car Manzana sait parfaitement que l’on ne trouvera pas ce diamant sur vous…

— Bien sûr… mais il espère ainsi m’intimider et me tirer de l’argent… et vous voyez, son truc réussit, puisqu’il est parvenu aujourd’hui à me chiper mon portefeuille… Il joue du diamant comme d’un appât… c’est un prétexte, voilà tout… c’est de cette façon qu’il amorce la convoitise de ses complices. Chaque fois qu’il me retrouve dans une ville, il recrute quelques malfaiteurs et leur dit : « Je connais un homme qui a sur lui un diamant évalué à plusieurs millions… voulez-vous m’aider à le lui prendre ? » Bien entendu, il trouve toujours des amateurs et, à défaut de diamant, il me soulage des bank-notes que j’ai sur moi.

— Mais ce misérable peut vous poursuivre toute votre vie… Pourquoi n’avez-vous pas raconté cela au constable ?

— Parce qu’on eût commencé une enquête et que ces formalités judiciaires eussent retardé, sinon compromis, mon voyage en Hollande…

— Cependant, l’enquête se fera quand même ?

— Oui, mais elle ne nécessitera pas ma présence continuelle à Londres… On classera l’affaire dans la caté-