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mémoires d’un cambrioleur

chaudes larmes et j’eus toutes les peines du monde à la consoler.

— Bah ! lui dis-je, en l’aidant à replacer dans l’armoire le linge que Bill Sharper et son acolyte avaient éparpillé sur le parquet… bah !… le mal n’est pas bien grand !… vos chemises et vos jupons sont un peu chiffonnés, mais avec un coup de fer, il n’y paraîtra plus… Le plus à plaindre dans toute cette affaire, c’est moi…

— Vraiment ?

— Mais oui… N’avez-vous pas remarqué que ces misérables m’ont pris mon portefeuille ?

— Et vous n’avez plus d’argent ?

— Plus un penny.

— Vous en serez quitte pour retourner chez votre oncle de Richmond.

— Cette fois, il ne voudra rien entendre.

— Vous lui direz que vous avez absolument besoin d’argent pour aller en Hollande.

— Oh ! si j’avais le malheur de prononcer devant lui le nom de mon oncle Chaff, il me mettrait immédiatement à la porte…

— Alors ?

— Alors, je vais voir… il vous reste bien quelques livres, Édith ?

— Oh ! une… tout juste…

— Ce sera suffisant pour aller jusqu’à demain soir… d’ici là, j’aviserai.

— Vous ont-ils pris aussi vos billets de chemin de fer ?

— Évidemment, puisqu’ils ont emporté mon portefeuille et que les tickets étaient dedans…

Édith s’était assise et demeurait songeuse, pendant que je replaçais soigneusement dans ma malle divers objets épars sur le tapis…

— Edgar, dit-elle au bout d’un instant, plus je réfléchis à cette aventure, plus je la trouve étrange… Comment se fait-il que ces vilains hommes vous connaissent ?… Quelles