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retiré des affaires

Bill Sharper fit un signe à l’interprète et celui-ci, passant vivement derrière Édith, lui comprima la bouche au moyen d’un foulard sale.

La pauvrette eut beau se débattre, elle dut subir les odieux attouchements de Bill Sharper qui la dépouilla sans pudeur de tous ses vêtements.

Bien entendu, il ne trouva rien qu’un petit sachet de soie dans lequel Edith avait cousu le morceau de pierre de lune que je lui avais donné et qu’elle conservait comme fétiche.

Pendant que les trois misérables examinaient avec attention ce caillou qui les intriguait, d’un bond, Édith se précipita vers la fenêtre, l’ouvrit et, se penchant dans le vide, appela désespérément, d’une voix glapissante :

— À moi ! à moi !… à l’assassin !

En moins de temps qu’il n’en faut pour l’écrire, Manzana et ses deux complices avaient disparu.

J’en étais débarrassé, mais je n’étais cependant pas au bout de mes peines, car maintenant, j’allais avoir affaire à la police, ce qui, pour moi, n’était pas sans danger.

Déjà, on entendait, en bas, un bruit de voix dans le vestibule.

— À moi ! à moi !… ne cessait de crier Édith tout en se rhabillant.

Guidé par ses cris, un énorme policeman accompagné d’un chauffeur de taxi, monta jusqu’à notre palier.

— Eh bien… qu’y a-t-il ? s’écria l’agent en se précipitant sur moi… vous voulez faire violence à madame ?…

J’eus toutes les peines du monde à lui faire entendre qu’il faisait erreur. Il fallut qu’Édith s’en mêlât, mais alors le policeman qui n’avait pas l’esprit très ouvert ne comprit plus rien du tout… Quand il commença à saisir quelque chose de cette histoire, le chauffeur embrouilla tout…

— Venez avec moi au poste, dit l’agent… nous allons voir à tirer cette affaire-là au clair.