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mémoires d’un cambrioleur

— Vous le verrez…

— Mais à quel titre vous substituez-vous à Manzana ? Si quelqu’un a des comptes à me demander, c’est lui… lui seul, entendez-vous !

Bill Sharper laissa d’un ton gouailleur tomber ces mots :

M. Manzana est aujourd’hui mon client !… n’est-il pas naturel que je prenne ses intérêts ? Je m’y entends assez en affaires litigieuses… j’ai été autrefois clerc chez un solicitor.

Je vis bien en quelles mains j’étais tombé. Ces gens ne me lâcheraient point que je n’eusse avoué où se trouvait le diamant, mais j’étais bien résolu à ne leur céder jamais. D’ailleurs, si étroitement surveillé que je fusse par ces bandits, il arriverait bien un moment où je leur glisserais entre les mains.

Ma situation était cependant des plus graves, et je devais m’attendre à toutes les surprises.

Bill Sharper et l’ignoble individu qui lui servait d’interprète se livrèrent dans notre domicile à une perquisition en règle, pendant que Manzana, appuyé contre la porte, me défiait du regard. Lorsqu’ils eurent tout bouleversé, puis ouvert nos malles, sans rien découvrir d’ailleurs, ils se consultèrent un instant et Bill Sharper, s’approchant d’Édith, lui dit d’une voix qu’il s’efforçait d’adoucir :

— Madame, il faut vous prêter à une petite formalité que nous jugeons nécessaire.

Et, comme Édith le regardait d’un air effaré, ne comprenant pas où il voulait en venir :

— Oui, une formalité… une toute petite formalité, expliqua le bandit… Je dois m’assurer que vous ne cachez pas sur vous le diamant, et si vous le permettez, je vais vous fouiller.

— Me fouiller !… me fouiller ! s’écria Édith avec indignation… mais je ne veux pas ! Je refuse… vous n’avez pas le droit de me toucher… Je vous préviens que si vous approchez, j’appelle…