Ils me regardaient fixement, attendant sans doute que je leur donnasse l’explication du mystère.
Ce fut Bill Sharper qui rompit le silence.
— Monsieur Edgar Pipe, dit-il, veuillez nous expliquer comment une pierre précieuse a pu, dans votre poche, se changer en caillou.
— C’est bien simple, répondis-je ; ceux qui m’ont dérobé le diamant ont mis cette pierre à la place…
— En manière de plaisanterie ?
— Probablement…
— Et vous conserviez cela ?
— Je n’avais pas songé à m’en défaire…
Bill Sharper demanda à Manzana, par l’intermédiaire de l’interprète :
— Quel est votre avis ?
— Parbleu, le gredin se moque de nous. Edgar Pipe, vous êtes un rusé compère, mais il faudra bien, coûte que coûte, que vous me disiez où vous avez caché le Régent.
— Je vous répète qu’on me l’a volé.
— Ah ! et d’où vient l’argent que vous avez en portefeuille ?…
— Cet argent n’est pas à moi… il est à madame…
— Oui… affirma Édith en saisissant la balle au bond… cet argent m’appartient et vous allez me le rendre, je suppose…
— Certainement, répondit Bill Sharper, mais à une condition… c’est que vous nous en indiquiez la source…
— Insolent !
— Ah ! vous voyez… vous ne pouvez répondre… Cet argent est bien à Edgar Pipe… cela ne fait aucun doute…
Se tournant alors vers moi, Bill Sharper me dit d’une voix grave :
— Monsieur Edgar Pipe, puisque vous ne voulez pas vous expliquer de bonne grâce, nous allons être obligés de vous emmener avec nous…
— M’emmener, m’écriai-je, et où cela ?