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retiré des affaires

Bill Sharper, sans paraître entendre ce qu’elle disait continuait de discourir…

M. Manzana, dit-il, n’a aucune raison pour me tromper. Je le crois sincère… En tout cas, il a remis sa cause entre mes mains et je dois me renseigner… D’abord Edgard Pipe, puisque vous prétendez n’avoir rien à vous reprocher, pourquoi vous apprêtiez-vous à quitter Londres ?… Le temps n’est guère propice aux villégiatures… Vous ne pouvez donc pas invoquer l’excuse d’un petit voyage d’agrément…

M. Pipe, répondit vivement Édith, a un oncle qui est très malade, et il allait lui rendre visite… Voyons, Edgar, montrez donc à monsieur la lettre que vous avez reçue de Hollande…

— Mauvaise excuse, ricana Sharper… Puisque M. Pipe savait qu’il allait s’absenter, pourquoi m’a-t-il donné rendez-vous pour demain ?

J’expliquai à Sharper qu’au moment où je lui fixais ce rendez-vous, je n’avais pas encore reçu la lettre en question.

— Il fallait me faire prévenir, murmura-t-il.

— Et où cela ? fis-je en haussant les épaules… j’ignore votre adresse.

— Vous n’aviez qu’à déposer un mot à mon nom au bar du Soho où nous avons fait connaissance…

— C’est vrai, je n’y ai pas songé…

— Allons ! trêve de discours… nous perdons notre temps en ce moment…

— Certainement… et je dois vous prévenir, mon cher Sharper, que vous vous occupez là d’une affaire qui ne vous rapportera absolument rien…

— Vous croyez ?… Moi, je ne suis pas de cet avis…

— Vous verrez… et si j’ai un conseil à vous donner, vous feriez mieux d’accepter les cent livres que je vous ai offertes tout à l’heure…

— Non… je préfère attendre… Je suis sûr que ces cent livres-là feront des petits.