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mémoires d’un cambrioleur

Les choses allaient se gâter, il fallait absolument que je sortisse de là, mais comment ?

M’attaquer à Bill Sharper, il n’y fallait pas songer. Cet homme était un hercule et il n’eût fait de moi qu’une bouchée.

Il ne me restait qu’une solution parlementer, mais cela était bien délicat, surtout devant Édith.

Je m’approchai du drôle et lui glissai rapidement ces mots :

— Descendons… nous nous expliquerons en bas.

— Mais pas du tout, répliqua-t-il… Nous sommes très bien ici pour causer… Ah ! oui, je comprends, vous ne voulez pas mettre madame au courant de vos petites histoires, mais bah ! elle les apprendra tôt ou tard. Elle doit bien se douter d’ailleurs que vous n’êtes pas le prince de Galles…

Édith, toute troublée, me regardait d’un air effaré.

Évidemment… tout cela devait lui sembler étrange. Ma rencontre avec Manzana pouvait, à la rigueur, s’expliquer mais comment lui faire admettre que Bill Sharper ne m’avait jamais vu ? D’ailleurs, le gredin avait plusieurs fois prononcé mon nom et maintenant, il devenait plus précis :

— Voyons, Edgar Pipe, disait-il (il ne m’appelait déjà plus monsieur), il s’agit de s’entendre. Votre ami Manzana prétend que vous l’avez volé et que vous détenez indûment un gage qui est sa propriété autant que la vôtre…

— C’est un affreux mensonge, m’écriai-je, Manzana veut me faire chanter…

Édith crut devoir prendre ma défense.

— Oui… oui… s’écria-t-elle, il y a là-dessous une vilaine affaire de chantage… M. Edgar Pipe, mon ami, est un honnête homme, incapable de conserver par devers lui ce qui ne lui appartient pas… Si ce M. Manzana a quelque chose à réclamer, pourquoi ne vient-il pas lui-même ?

Pauvre petite Édith ! si elle avait pu se douter !…