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retiré des affaires

Angleterre. Lorsque j’aurais touché mes millions, je m’embarquerais pour l’Amérique et m’arrangerais là-bas, avec Édith, une jolie petite existence…

Pour l’instant, Londres était dangereux, il fallait fuir au plus vite.

Nous déjeunâmes tranquillement, Édith et moi, puis nous fîmes nos malles, ce qui ne nous prit pas beaucoup de temps car nous avions très peu de choses à mettre dedans.

Ma garde-robe, comme celle d’Édith, avait besoin d’être considérablement augmentée et je me promettais bien de le faire, dès que j’aurais enfin converti en bank-notes ce maudit diamant qui commençait à devenir terriblement embarrassant.

Pendant que nous procédions à nos préparatifs, Édith, aussi joyeuse qu’une petite pensionnaire qui part en vacances, me posait une foule de questions auxquelles je répondais parfois par quelque plaisanterie, car j’étais très gai, ce jour-là, et j’avoue que j’étais aussi impatient que ma maîtresse de quitter l’Angleterre.

Je dois dire aussi que la perspective de ne pas être séparé d’Édith m’était fort agréable… Je déteste la solitude. Quand je suis seul, j’ai souvent des idées noires ; avec une petite folle comme Édith, je n’aurais pas le temps de m’ennuyer.

J’avais d’abord décidé de l’emmener à Amsterdam, mais je me ravisai. Il était préférable de la laisser soit à La Haye, soit à Haarlem, car les femmes sont curieuses et je ne tenais pas à ce qu’elle me suivît et arrivât à découvrir l’adresse de mon lapidaire. J’avais inventé l’histoire de l’oncle Chaff, il fallait que, jusqu’au bout, Édith fût persuadée que c’était lui mon bailleur de fonds. Je pouvais donc jouer de l’oncle Chaff tant qu’il me plairait et le faire mourir au moment opportun.

Ah ! misérable Manzana, comme vous alliez être roulé !

Peut-être que si vous vous étiez mieux comporté envers moi, j’aurais fait votre fortune, mais maintenant, j’eusse