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XIX

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Peut-être le lecteur s’étonnera-t-il que j’aie pris brusquement la résolution d’emmener Édith en Hollande. Quelques mots d’explication me semblent nécessaires.

L’ignoble individu qui s’appelait Bill Sharper connaissait mon adresse… Si je laissais Édith à Londres, le bandit, furieux d’avoir été joué, trouverait certainement le moyen de s’introduire auprès de ma maîtresse.

De complicité avec Manzana, il la terroriserait, la menacerait et finirait par lui faire avouer que j’étais parti pour la Hollande, Bill Sharper ne comprendrait pas grand chose à cette disparition, mais Manzana comprendrait, lui.

Il songerait immédiatement au lapidaire d’Amsterdam dont je lui avais souvent parlé et il s’arrangerait pour venir me retrouver… Dans le cas où il lui serait impossible d’entreprendre ce voyage, il me dénoncerait à la police et je serais « cueilli » avant d’avoir pu vendre mon diamant… ce précieux diamant que je tenais toujours caché dans le talon droit de ma bottine…

En m’enfuyant avec Édith, j’enlevais à mes ennemis le seul témoin qui pût les renseigner. Le lendemain, quand Bill Sharper viendrait au rendez-vous que je lui avais assigné, il trouverait visage de bois.

Pendant qu’il me chercherait dans Londres, en compagnie de Manzana, je voguerais tranquillement vers la Hollande. Bien entendu, je ne reviendrais pas de sitôt en