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retiré des affaires

— J’ai terminé mes courses plus tôt que je ne pensais…

— Alors, nous déjeunons en ville ?

— Oui, Édith, si vous voulez… quoique j’eusse préféré que notre logeuse nous servît à déjeuner dans notre chambre… Vous allez avoir beaucoup d’ouvrage aujourd’hui, et peut-être ferions-nous bien de ne pas perdre de temps.

Édith s’était dressée sur sa couche et, la tête entre les mains, me regardait d’un air étonné.

— Beaucoup d’ouvrage… dites-vous ?…

— Oui… nos malles…

— La vôtre…

— Et la vôtre aussi, Édith, car je vous emmène…

— Vrai ?

— Ai-je l’air de quelqu’un qui plaisante ?…

Ma maîtresse se leva d’un bond et me jetant ses bras autour du cou, me couvrit de baisers, en sautant de joie, comme une petite fille à qui on promet une poupée…

— Oh ! Edgar !… ça, c’est bien ! vous êtes gentil comme tout… Alors, nous allons en Hollande ! Quel bonheur ! On dit que c’est si joli, la Hollande… J’ai reçu dernièrement une carte postale d’une de mes amies qui est à Rotterdam… une jolie carte postale où l’on voit des petits moulins et des boys avec des casquettes de fourrure, des culottes rouges et des sabots de bois… Oh ! vrai ! Je suis contente, Edgar, mon petit Edgar chéri ! oui, bien contente ! Pour une surprise, en voilà une !… et une belle !… Oui, oui, il faut déjeuner ici… Je vais sonner miss Mellis pour qu’elle nous prépare des côtelettes pendant que je vais m’habiller… C’est le moment d’étrenner ma robe beige et mon manteau de « cross-crew »…

Et elle disparut, riant aux éclats, dans le cabinet de toilette.