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retiré des affaires

des amis, vous pouvez bien me dire ce qui s’est passé hier soir, dans le bar du Soho, après mon départ…

— Volontiers, m’sieu Pipe… du moment qu’vous payez vous avez bien le droit d’savoir, s’pas ? Donc, hier soir, votre associé…

— Mon associé ?

— Oui… celui dont je vous ai débarrassé… Il se prétend votre associé… Il affirme que vous êtes très riche… et que, lui, est ruiné par votre faute… Moi, vous comprenez, j’ai rien à voir là-dedans… S’il a été assez poire pour se laisser rouler, ça le regarde…

— Cet homme ment, affirmai-je avec une indignation qui devait paraître sincère… il ment effrontément… C’est lui qui m’a ruiné, au contraire, et aujourd’hui, il essaie de se raccrocher à moi pour se faire entretenir.

— Moi, vous savez, repartit Bill Sharper, je n’ai pas à entrer dans toutes ces histoires-là… ce que je cherche, c’est à gagner honnêtement ma vie, en rendant service à l’un et à l’autre… Votre associé n’a pas le sou, par conséquent, il ne m’intéresse pas…

— Méfiez-vous de cet homme… il est de la police…

— Vous croyez ?

— J’en suis sûr…

— Alors, on l’aura à l’œil, mais comme il ne comprend pas un mot d’anglais, il n’est pas bien dangereux… On peut sans crainte parler devant lui.

— Ne vous y fiez pas…

Nous étions arrivés devant Trafalgar Square.

— Excusez-moi, me dit Bill Sharper, mais je suis obligé de vous quitter… Si par hasard, j’apprenais du nouveau, je vous préviendrais immédiatement…

— Oui… c’est vrai… vous connaissez mon adresse… Mais, dites-moi, comment l’avez-vous découverte ?

— En vous faisant suivre, parbleu…

— Vous êtes très habile, monsieur Sharper…

— Non… Je connais mon métier, voilà tout…

— Vous auriez fait un excellent détective…