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retiré des affaires

un sourire que je m’efforçai de rendre le plus aimable possible… Parlez… Qu’y a-t-il pour votre service ?

Et, tout en disant cela, je continuais mon chemin.

Bill Sharper m’emboîta le pas.

Lorsque nous fûmes arrivés au coin de Coventry et de Leicester Square, il se rapprocha et me dit :

— Ici, m’sieu Pipe, nous serons tranquilles pour causer… Nous pourrions bien entrer dans ce bar, mais je crois qu’il est préférable que nous restions dehors… les bars, c’est toujours plein de gens qui écoutent les conversations et en font souvent leur profit…

— Parlez, mon ami, fis-je en dissimulant à grand’peine l’inquiétude qui m’agitait.

— Eh bien, voici, m’sieu Pipe… Un service en vaut un autre, n’est-ce pas ? Or, je vous ai débarrassé hier d’un individu gênant…

— Et je vous en remercie infiniment…

— Je suis très sensible à vos remerciements, m’sieu Pipe, mais vous savez, les affaires sont les affaires et, moi, je suis un business-man… Hier soir, j’avais jugé que dix shillings étaient suffisants pour le service que je voulais bien vous rendre, mais depuis… j’ai réfléchi… je trouve que c’est un peu maigre…

— En effet, répondis-je, cela valait au moins une livre…

Bill Sharper me regarda en souriant, puis reprit d’une voix éraillée, après avoir balancé la tête de droite et de gauche :

— Vous êtes bien aimable, mais une livre c’est encore trop peu… Vous seriez un « purotin »… je ne dis pas… mais un homme qui est riche à millions…

— Vous plaisantez…

— Non… non… Je sais ce que je dis… Je suis renseigné…

— Celui qui vous a renseigné a menti…

— Nous verrons ça… En attendant, m’sieu Pipe, comme j’ai, ce matin, un effet de dix livres à payer, je