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mémoires d’un cambrioleur

— Oui… je l’ai fait arrêter et son compte est bon…

— Il vous connaissait donc ?

— C’est un individu qui a été autrefois domestique chez mon père… un individu de sac et de corde que nous avions été obligés de livrer à la justice… Le hasard a voulu qu’il me retrouvât et il a essayé de m’intimider pour obtenir quelque argent. Je l’ai remis entre les mains d’un policeman et l’ai accompagné au poste… Il était justement recherché pour une affaire de vol avec effraction…

— Quelle affreuse figure il avait… il m’a fait une peur !…

— Tranquillisez-vous, ma chère, vous ne le reverrez pas de sitôt…

— Vous croyez ?

— J’en suis sûr.

— Ah ! tant mieux.

La conversation en resta là. Je ne sais si Édith ajouta foi à ce que je lui racontai. Elle parut, en tout cas, absolument rassurée.

Quant à moi, je l’étais moins, car je craignais de retomber encore sur ce brigand de Manzana. Il ignorait mon adresse, mais si vaste que soit la ville de Londres, on arrive toujours à s’y rencontrer. D’ailleurs, il était certain que mon ennemi ferait tout pour me retrouver. Il n’y avait qu’un moyen de lui échapper : c’était de passer vivement en Hollande et d’emmener Édith avec moi.

Le lendemain matin, je me levai de bonne heure avec l’intention de me rendre à la gare pour y prendre mes billets.

Au moment où je mettais le pied sur le trottoir, un homme, qui se tenait dissimulé derrière un kiosque à journaux, se dressa soudain devant moi.

C’était Bill Sharper !

— Pardon, m’sieu Pipe, me dit-il en portant la main à son chapeau graisseux, est-ce que je ne pourrais pas causer avec vous un instant ?…

— Mais comment donc, mon cher, répondis-je avec