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retiré des affaires

— Quoi ?

Nous nous regardions tous deux. Mon associé allait bondir sur moi, quand plusieurs consommateurs s’interposèrent… En leur qualité d’Anglais, ils étaient prêts à me défendre contre Manzana.

Je profitai très habilement de ce courant de sympathie et, m’adressant à eux :

— Délivrez-moi de cet ivrogne, m’écriai-je.

L’homme qui, l’instant d’avant, s’était présenté à moi sous le nom de Bill Sharper, me glissa à l’oreille :

— Une demi-livre et je vous débarrasse de cet oiseau-là…

— Entendu.

— Payez d’avance.

Je laissai négligemment tomber une petite pièce d’or de dix shillings.

Manzana qui ne comprenait pas un mot d’anglais, continuait de gesticuler. À un moment, au comble de la fureur, il bondit sur moi, mais le nommé Bill Sharper qui était un hercule, l’empoigna par le col de son pardessus, le fit pivoter comme un toton et le colla sur une table où il le maintint, en lui appliquant délicatement un genou sur la poitrine.

Je profitai de ce que mon ennemi était immobilisé pour m’esquiver en douce.

Une fois dans la rue, je hélai un taxi et me fis conduire chez Édith.

Ouf !… J’étais donc enfin débarrassé de ce bandit de Manzana, et je me promettais bien de ne plus retomber entre ses mains. D’ailleurs, j’étais résolu à tout…

Je n’hésiterais pas, au besoin, à faire supprimer Manzana par ce Bill Sharper, qui me faisait l’effet d’un garçon très expéditif en affaires.

Je trouvai Édith encore toute bouleversée par la scène à laquelle elle avait assisté.

— Ah ! vous voilà, s’écria-t-elle, en se jetant dans mes bras. Alors, vous êtes parvenu à faire entendre raison à ce vilain homme…