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mémoires d’un cambrioleur

vous avais prévenu. Dans toute cette affaire, j’ai été un imbécile… je n’aurais pas dû vous laisser le diamant… Vous êtes une affreuse petite canaille et je suis sûr maintenant que si vous aviez pu me supprimer, vous n’auriez pas hésité un instant.

— Vous me prêtez là vos propres intentions…

— Oui… oui, c’est bon, je suis fixé… Je me suis laissé rouler, mais ne supposez pas que vous aurez le dernier mot…

— Bah ! fis-je d’un air indifférent, dénoncez-moi, je m’en moque… J’attraperai cinq ans, voilà tout… mais vous…

Manzana avait pâli.

Le drôle avait peur, je le voyais bien… Il s’agissait de le dominer… de le tenir sous la menace d’une dénonciation…

Il reprit, au bout d’un instant :

— Allons, parlez-moi nettement… Vous prétendez que l’on vous a pris le diamant… Qui vous l’a pris ?

— Je l’ignore.

— Ainsi, on est venu comme cela vous le chiper pendant que vous dormiez ?…

— Pendant que j’étais évanoui…

— Ah ! vraiment !… Vous ne m’aviez jamais dit que vous étiez sujet aux évanouissements…

— J’aurais voulu vous voir à ma place.

— Expliquez-vous, si vous le pouvez…

— À quoi bon ? Vous ne me croirez pas.

— Dites toujours… Nous allons voir.

— Eh bien ! voici… À bord du Good Star, j’étais chargé du nettoyage… Je devais laver le pont, les bancs, les panneaux et je vous prie de croire que j’avais de l’ouvrage… Quand nous fûmes en mer, le capitaine voulut absolument me faire nettoyer l’extérieur de la lisse. Pour effectuer ce travail, j’étais obligé de me cramponner à tout ce que je trouvais sous ma main. Tout à coup, j’ai perdu l’équilibre et suis tombé à la mer…