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retiré des affaires

que ces enfants-là sont toujours bien faits de leur personne.

Bref, Édith était subjuguée… c’était tout ce que je désirais. J’étais sûr qu’elle ne se lancerait point, durant mon absence, dans quelque aventure galante… ou que, tout au moins, si elle le faisait, ce serait avec discrétion.

À quelques jours de là, je recevais d’Amsterdam la lettre suivante :

« Mon cher monsieur Edgar,

« Votre oncle est en ce moment dangereusement malade et les médecins qui le soignent se montrent fort inquiets… Il parle souvent de vous et je crois qu’il désirerait vous embrasser. Vous savez comme il vous aime, le cher homme, et combien il souffre de ne plus vous voir. Je n’ose affirmer que votre présence le guérira, mais elle adoucira au moins ses derniers moments, car il se pourrait qu’il n’en eût plus pour bien longtemps, si j’en crois ce que dit le docteur Oldenschnock, qui ne quitte pas son chevet. J’espère, mon cher monsieur Edgar, qu’au reçu de cette lettre, vous vous mettrez immédiatement en route, et que nous aurons le plaisir de vous voir cette semaine.

« Croyez à mon respectueux dévouement.

« Cornélie Fassmosch. »

En lisant cette lettre, je feignis une émotion qui n’échappa point à Édith.

Elle demanda d’un air apitoyé :

— Mauvaises nouvelles de votre oncle ?

— Hélas ! oui et je crains bien…

— Ne vous désolez pas d’avance… Quel âge a-t-il ?

— Soixante-treize ans…

— Ce n’est pas un âge exagéré !

Rien n’était plus comique que cet apitoiement qui n’était pas plus sincère de la part d’Édith que de la mienne, au sujet d’un bonhomme qui n’existait pas.