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mémoires d’un cambrioleur

se laisser endoctriner par leur amant et se gardent bien de le dénoncer, surtout s’il leur procure, grâce à sa petite industrie, une vie facile, exempte de soucis, des toilettes et des bijoux.

La générosité, d’où qu’elle vienne est toujours une qualité très appréciée des femmes et elles pardonnent tout à celui qui donne beaucoup.

Il n’y a pas de sots métiers, il n’y a que de sottes gens, dit un proverbe français, et rien n’est plus vrai.

Certes, si tout le monde était honnête sur terre, il serait criminel de raisonner ainsi, mais quand on voit, chaque jour, des aigrefins ruiner des milliers de gogos, il n’est pas téméraire d’admettre que le cambrioleur est bien moins méprisable que ces gens-là.

Je ne reviendrai plus sur ce sujet, que j’ai déjà sommairement traité, mais que l’on me permette une dernière réflexion que je crois nécessaire. Il y a deux catégories de cambrioleurs ceux qui opèrent en petit et ceux qui opèrent en grand.

Les premiers, qui dévalisent ordinairement des chambres de bonnes et de modestes logements de travailleurs, n’ont droit à aucune indulgence, et si j’étais juge, je les « salerais » sans pitié.

Les seconds, ceux qui ne s’en prennent qu’aux riches (et je m’honore d’appartenir à cette catégorie), ne causent en somme qu’un préjudice insignifiant à leurs victimes. C’est, en réalité, une sorte d’impôt sur le revenu qu’ils prélèvent, indûment, j’en conviens, mais qui m’objectera que les taxes votées par les Chambres soient toutes équitables ?

Ceci dit, je reviens à mes moutons qui s’étaient, je crois, un peu égarés.

Ma seule préoccupation pour l’instant était de dérober mon diamant aux yeux d’Édith tout en le conservant sur moi.

Le problème était délicat, et m’occupa l’esprit pendant de longues heures.