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retiré des affaires

en tout cas, si elle pouvait avoir des doutes à ce sujet, elle n’en laissa rien paraître.

Je l’emmenai à Regent’s Park, puis de là chez Monico, dans Piccadilly.

Nous allions mener la grande vie pendant quelques jours, puis, je partirais pour la Hollande.

Je m’étais bien gardé de dire à Édith que j’avais sur moi un diamant de plusieurs millions, cependant, un jour ou plutôt une nuit, elle avait failli le découvrir. J’avais placé le Régent dans la petite poche de côté de ma chemise de flanelle et ma maîtresse l’avait, par hasard, senti sous sa main.

— Tiens demanda-t-elle, qu’est-ce que vous avez là, Edgar ?

— Oh ! rien… répondis-je…

— On dirait une petite pierre.

— C’en est une, en effet…

— Un souvenir ?

— Non… un fétiche…

Édith éclata de rire.

— Eh quoi ? dit-elle, vous êtes comme les nègres… vous avez sur vous un gris-gris.

— Vous le voyez.

— C’est curieux… Je ne vous aurais pas cru si superstitieux.

— Que voulez-vous, Édith, on ne se refait pas.

— Et sérieusement… vous croyez au pouvoir de cette amulette ?… Vous a-t-elle déjà porté bonheur, au moins ?

— Mais oui, Édith, puisque après vous avoir perdue, j’ai eu la joie de vous retrouver.

— Grâce à votre gris-gris ?

— Grâce à mon gris-gris.

— Et comment est-ce fait, cet objet-là ?

— Je vous l’ai déjà dit, c’est une simple pierre, mais une pierre qui ne vient pas des régions terrestres…

— Je crois, Edgar, que vous vous moquez de moi, fit Édith en me donnant une petite tape sur la joue.