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retiré des affaires

— Eh quoi, dit-elle, voilà que vous m’abandonnez déjà ?

— Pour jusqu’à ce soir seulement, chérie… il faut absolument que j’aille chez un de mes oncles qui habite Richmond…

— Et cela vous a pris tout d’un coup… vous ne pouvez pas remettre cette visite ?

— Non, Édith… c’est très sérieux… il s’agit d’une question d’argent…

— Oh ! alors, allez… Il ne faut jamais, Edgar, remettre ces visites-là… Mais, au fait, j’y songe, je pourrais bien vous accompagner… il y a longtemps que j’ai envie d’aller à la campagne… Pendant que vous vous rendriez chez votre oncle je vous attendrais quelque part.

— Non, Édith… cela est impossible… mon oncle est très formaliste… S’il apprenait que l’on m’a vu à Richmond, en compagnie d’une femme, il ne me recevrait plus.

— C’est donc un clergyman, votre oncle ?…

— Non… c’est un magistrat… un coroner.

Édith n’insista plus.

Je l’embrassai et partis.

Où allais-je ? Je n’en savais rien.

Je venais d’atteindre Fleet Street, rue très fréquentée, comme on sait, et je m’étais engagé sur la chaussée pour changer de trottoir, quand une grosse dame, qui marchait devant moi, glissa soudain sur l’asphalte humide et, avec un bruit mat, s’étala sur le sol.

Galamment, je l’aidai à se relever, mais elle avait dû se blesser en tombant, car elle était incapable de mettre un pied devant l’autre.

Aidé de deux aimables citoyens, je la transportai chez un pharmacien et disparus prestement. J’étais, en effet, très pressé de voir ce que contenait le petit sac à main que j’avais, sans qu’elle s’en aperçût, subtilisé à la dame, et enfoui dans la poche de côté de mon pardessus.

Ce ne fut qu’au bout d’un quart d’heure, dans l’allée