Page:Galopin - Mémoires d'un cambrioleur retiré des affaires, 1922.pdf/129

Cette page a été validée par deux contributeurs.
129
retiré des affaires

Comme mon associé demeurait immobile, ne sachant ce qu’il devait faire, Cowardly lui dit d’un ton brusque :

Downstairs !

Je m’approchai :

— Mon camarade, expliquai-je au maître d’équipage, ne comprend pas l’anglais.

Et je traduisis à Manzana l’ordre que l’on venait de lui donner :

— On vous dit de descendre.

— Où cela ?

— Mais dans la cale, parbleu !

— Et vous ?

— Moi, jusqu’à nouvel ordre, je reste ici, sur le pont…

— Ah ! non, par exemple. Je n’accepte pas cela… Le truc est bien combiné, mais ça ne prend pas avec moi… pendant que je serai à fond de cale, vous filerez avec le diamant… Vraiment, mon cher, vous me prenez pour un imbécile…

Le capitaine était derrière nous. Il ne comprenait rien à ce que nous disions, mais au ton de Manzana, il n’eut pas de peine à deviner que celui-ci faisait des difficultés pour descendre dans l’intérieur du navire. D’une violente poussée, il l’envoya rouler en bas de l’escalier et d’un coup de pied referma le panneau de l’écoutille…

— Retenez bien, me dit-il, que vous n’êtes pas ici pour tenir des conversations… Au travail, et vivement !… Tenez, joignez-vous à cet homme et aidez-lui à rouler cette balle de coton…

J’obéis, sans murmurer, et cette docilité me valut tout de suite la confiance du capitaine. Il faut savoir se plier aux exigences de la vie et accepter toutes les situations, quelles qu’elles soient, du moment que l’on travaille à son salut.

Quelle brute que ce Manzana ! Pourvu qu’il n’aille point, par quelque extravagance, attirer sur nous l’attention de la police !