Page:Galopin - Mémoires d'un cambrioleur retiré des affaires, 1922.pdf/128

Cette page a été validée par deux contributeurs.
128
mémoires d’un cambrioleur

Mon associé ne répondit point. L’argument était, en effet, sans réplique, mais Manzana, paresseux comme une couleuvre, se lamentait déjà à la pensée qu’il allait être obligé de travailler, chose qui ne lui était peut-être jamais arrivée, car cet être au passé nébuleux avait dû exercer tous les métiers, excepté ceux qui exigent un effort physique trop violent.

Je n’étais pas fâché de voir un peu la tête qu’il ferait quand le capitaine lui commanderait de porter des sacs de charbon ou de laver le pont à grande eau. L’épreuve serait dure, mais elle aurait sur mon triste compagnon un effet salutaire.

J’ignorais où allait le Good Star. Je savais seulement qu’il ferait escale au Havre pour, de là, se diriger vers quelque port d’Angleterre.

Il devait quitter Rouen à la marée descendante, c’est-à-dire à deux heures de l’après-midi, mais il n’était encore que dix heures du matin et qui sait si, avant le départ, quelque stupide policier ne viendrait pas nous rendre visite. Le Good Star, en sa qualité de navire marchand, était dispensé des formalités de police auxquelles sont soumis les vapeurs transportant des passagers, mais après la petite histoire de l’hôtel d’Albion, il était possible que le chef de la Sûreté de Rouen s’avisât de perquisitionner à bord des bateaux en partance.

J’insistai auprès du capitaine pour prendre immédiatement mon service. Il y consentit.

— Venez, dit-il.

Et il nous présenta immédiatement au maître d’équipage, un gros homme aussi large que haut qui répondait au nom de Cowardly.

On nous assigna immédiatement nos postes.

Here, me dit Cowardly, en me désignant le pont du bateau…

Et prenant Manzana par le bras, il le poussa vers une écoutille où se trouvait un petit escalier de bois conduisant à l’entrepont.