— Parfaitement, captain…
— Vous pourriez, je le suppose, faire aussi un peu de cuisine ?
— Certes… captain.
— Bien… quelles sont vos prétentions ?
— Ma foi… j’estime que trois livres par semaine…
— Je vous en offre deux, pas un shilling de plus… c’est à prendre ou à laisser… Maintenant, je dois vous prévenir que je vous engage pour un voyage seulement… Une fois que nous serons arrivés à destination et que l’on aura procédé au déchargement, je n’aurai plus besoin de vos services… Acceptez-vous ?
— J’accepte, captain… mais à une condition.
— Laquelle ?
— C’est que vous preniez aussi mon camarade…
Et ce disant, je désignais Manzana qui se tenait près de nous…
Le capitaine dévisagea mon associé, puis fronçant le sourcil :
— Il a une sale tête, votre camarade… ce n’est sûrement pas un Anglais, cet oiseau-là…
— Non, captain…
— Il a l’air solide… on pourrait tout de même l’employer à vider les escarbilles et à charger les foyers… C’est entendu, je le prends… mêmes conditions que pour vous, mais dites-lui que s’il ne fait pas mon affaire, je le débarque au Havre… je n’aime pas les flémards, moi…
Je transmis ces paroles à Manzana qui demeura tout interloqué.
— Eh quoi, dit-il, vous m’avez engagé à bord de ce bateau sans me consulter ?
— Mon cher, répondis-je, il n’y avait pas à hésiter… d’ailleurs, je vous eusse consulté que cela n’eût avancé à rien. Il y a des situations que l’on doit accepter coûte que coûte… Nous sommes menacés, traqués comme de mauvaises bêtes, il faut absolument quitter cette ville. Or, pouvions-nous trouver une meilleure solution que celle-là ?