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mémoires d’un cambrioleur

« … par des mains expertes. Délivrés immédiatement et soignés par un médecin que l’on avait fait appeler, ils ont déclaré avoir été attaqués par deux individus dont ils ont donné un signalement détaillé et sur la piste desquels notre intelligent chef de la Sûreté s’est lancé aussitôt. Grâce aux renseignements précis qu’il n’a pas tardé à recueillir, nous avons tout lieu d’espérer que les deux bandits seront arrêtés aujourd’hui. »

Cet article inséré en première page, était suivi d’une petite note en italiques : Dernière heure.

Et voici ce que disait cette note : « L’affaire de l’hôtel d’Albion se complique étrangement. Les deux personnes qui avaient été victimes de l’agression dont nous parlons plus haut et que M. Feuardent, juge d’instruction, avait convoquées à son cabinet, ont disparu subitement et, malgré les recherches opérées par le service de la Sûreté, il a été jusqu’alors impossible de retrouver leur trace. »

— Parbleu !… m’écriai-je, ces gens-là ne tenaient pas plus que nous à dialoguer avec un juge d’instruction. Ils doivent avoir, eux aussi, la conscience terriblement chargée… Allons, tout cela est très bon pour nous…

— Ah ! vous croyez ? fit Manzana.

— Mais certainement, pendant que l’on recherchera les locataires de l’hôtel d’Albion, nous aurons le temps de filer… Cette affaire est trop compliquée pour des policiers de province… vous verrez qu’ils embrouilleront tout et n’aboutiront à rien… Profitons de leur affolement pour leur tirer notre révérence.

— Vous avez toujours l’intention de gagner Le Havre ?

— Bien sûr… n’a-t-il pas été décidé que nous passerions en Angleterre ?…

— Nous n’y sommes pas encore.

— Mais nous y serons bientôt…

— Je le souhaite, mais je suis loin d’être aussi optimiste que vous… Les gares doivent être surveillées…