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mémoires d’un cambrioleur

ment, se montrèrent le couvercle sommé d’une face grimaçante et surchargé de lamelles d’or.

Le sourire figé du Pharaon semblait rivé sur eux !

Puis, ce sourire s’effaça… les yeux d’émail brillèrent et parurent glisser comme des yeux vivants qui suivent la fuite d’une image…

C’était maintenant un grincement continu… la figure virait à gauche d’une seule pièce…

Et les gardiens n’avaient conscience que d’une chose… c’est que le sarcophage allait s’ouvrir !…

De son mouvement lent et régulier, le couvercle continuait de tourner.

Cela ne dut pas en réalité durer plus de quelques secondes, mais, dans l’état de surexcitation où se trouvaient les deux témoins de cet effarant spectacle, ces secondes-là valaient une éternité.

J’ai déjà expliqué que le sarcophage était placé debout sur le côté gauche de la porte vitrée qui fait communiquer les deux salles…

D’ailleurs tous les visiteurs du Louvre qui ont traversé ces galeries avant leur réinstallation, se rappellent certainement cette gaine oblongue, habillée de haut en bas de signes polychromes et terminée par une effigie, de roi mort qui vous regarde de façon inquiétante. Pour peu qu’ils veuillent prendre, à cette heure nocturne, la place de mes deux gardiens, ils conviendront sans peine du tragique de la situation.

Logarec n’avait pas lâché la lanterne, et le tremblement qui agitait son bras faisait courir sur le mur, au-dessus du sarcophage, à sa droite, à sa gauche, des ombres fantastiques…

Un heurt sourd !…

Le couvercle venait de se rabattre sur le chambranle de la porte vitrée…

Les deux gardiens comprirent, plutôt qu’ils ne le virent, que la cavité de la bière béait devant eux.