Page:Galopin - Mémoires d'un cambrioleur retiré des affaires, 1922.pdf/119

Cette page a été validée par deux contributeurs.
119
retiré des affaires

joyeux vivant, je vois ça !… mais permettez-moi de vous dire que vous poussez tout de même la plaisanterie un peu loin… Était-il bien nécessaire de nous laisser enfoncer la porte ?

— Je vous assure, répondis-je, que nous n’avions pas entendu la première sommation… nous étions éreintés et nous dormions comme des loirs.

— Vous êtes probablement d’origine anglaise, monsieur Bonneuil… Je vois ça à votre accent…

— Moi ?… pas du tout… Je suis Français… ce qu’il y a de plus Français… mais j’ai vécu longtemps en Angleterre et, vous savez, l’accent anglais, ça se prend vite… C’est comme l’accent du Midi.

— En effet… Et vous êtes ici pour une affaire sérieuse ?

— Très sérieuse… un vol de plusieurs millions.

— Le vol de la Banque des Cotonniers Havrais, sans doute ?

— Non, mieux que cela…

— Seriez-vous sur une piste ?

— Oui… depuis hier… et, je crois bien que, demain, je tiendrai mes « types ».

— Ah ! ah !… et dans quel quartier pensez-vous les pincer ?

— Dans celui-ci, probablement…

— Cela tombe à merveille… c’est donc à mon bureau que vous amènerez vos gens. Je vais prévenir les journalistes… Ils se plaignent justement qu’il n’y ait jamais « d’affaires » chez moi… Je compte sur vous, hein ? Vous pourriez même me requérir, au besoin… Un coup de téléphone et j’accours… Mon commissariat est tout près d’ici, place Saint-Hilaire.

— Je vous le promets… quel est votre numéro de téléphone ?

— 5e canton, 123… Cela vous est bien égal, n’est-ce pas, que je vous aide dans cette opération ?… C’est vous, bien entendu, qui en aurez tout l’honneur, mais il en