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mémoires d’un cambrioleur

À l’heure du danger, nous nous retrouvions unis. Fraternellement, nos deux mains s’étaient rencontrées.

— C’est pour l’affaire de l’hôtel d’Albion, me souffla mon associé… Nous sommes fichus !… Avalez le diamant !

Il en avait de bonnes, lui ! Est-ce qu’on avale comme un noyau de cerise un diamant de cent trente-six carats !

— Au nom de la loi, ouvrez !

Il fallait se décider.

— Nous aggravons notre cas, dis-je à Manzana. Ouvrons.

Mais déjà la porte, cédant sous une violente poussée, s’abattait avec fracas et quatre hommes, dont l’un tenait une lampe à la main, faisaient irruption dans notre chambre. Derrière eux, des sergents de ville aux mines sévères formaient un barrage sombre.

Un petit monsieur ceint d’une écharpe tricolore s’avança vers nous, menaçant :

— Ah ! ah !… dit-il, voici deux gaillards qui ne tenaient guère à faire notre connaissance. Je crois que nous avons eu la main heureuse… Éclairez-moi, Brindavoine, que je voie un peu leurs papiers !…

Comprenant que, cette fois, je jouais mon dernier atout, j’avais repris mon aplomb.

— Dieu ! messieurs, que vous êtes pressés ! m’écriai-je… Vous ne donnez même pas aux gens le temps de s’habiller… Alors, ce sont nos papiers que vous voulez… parfaitement ! nous allons vous les montrer…

Et, tirant de ma poche la carte d’agent de la Sûreté que l’on connaît, je la tendis froidement au commissaire, qui lut à haute voix :

Préfecture de Police… Casimir Bonneuil, inspecteur.

L’effet fut exactement celui que j’attendais.

Le commissaire partit d’un bruyant éclat de rire et, me frappant familièrement sur l’épaule :

— Monsieur Casimir Bonneuil, fit-il, vous êtes un