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retiré des affaires

heure, vous semblez prendre un malin plaisir à me tarabuster…

— Mais non… vous voyez bien que c’est pour rire… il faut bien s’amuser un peu, que diable ! Allons, bonne nuit, mon cher associé, je vous promets que je vais essayer de dormir… c’est là une preuve que j’ai confiance en vous.

— À la bonne heure ! j’aime mieux cela… eh bien, dormons ! mais c’est cette sacrée lumière aussi qui m’empêche de fermer l’œil…

— S’il ne faut que cela pour vous faire plaisir…

Et j’éteignis la lampe.

Avant de m’endormir, comme j’en avais réellement l’intention, je pris le diamant et le plaçai sur ma poitrine, dans la petite poche de ma chemise de flanelle…

J’étais à peu près rassuré sur le compte de Manzana, mais je jugeai que cette précaution n’était peut-être pas inutile. Si pendant mon sommeil, il s’avisait de vouloir fouiller dans mes poches, il en serait pour ses frais. Je ne supposais pas qu’il voulût me tuer cela l’eût entraîné trop loin mais il était bien capable de me voler et je devais me tenir sur mes gardes.

Déjà je commençais à sommeiller, quand un épouvantable vacarme se fit entendre dans l’hôtel. On ouvrait des portes, les marches craquaient sous des pas pesants et il y avait, par instants, comme un cliquetis de sabres.

— Que se passe-t-il donc ? demanda mon associé… est-ce que le feu serait à la maison, par hasard ? Il ne nous manquerait plus que ça.

Je n’eus pas le temps de répondre.

Un coup violent appliqué contre le panneau de la porte retentit soudain, en même temps qu’une voix dure, impérieuse, lançait ces mots effarants :

— Au nom de la loi, ouvrez !

Nous nous étions levés et, dans l’obscurité, nous nous interrogions, à voix basse.