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mémoires d’un cambrioleur

— Non… mais à la fin, pour qui me prenez-vous ? Je commence à en avoir assez de ces plaisanteries-là…

— Calmez-vous… calmez-vous, ce n’était qu’une plaisanterie, comme vous dites ; je n’en pense pas un mot.

— À la bonne heure… car vous savez, moi, j’ai la tête près du bonnet.

— Allons, dormons, cela vaudra mieux…

— Dormir… dormir ! est-ce que c’est possible avec vous… Ah ! tenez, j’aimerais mieux perdre cinq cent mille francs sur notre affaire et avoir la paix tout de suite… Depuis que je vous connais, je n’ai pas fermé l’œil une minute…

— Je suis absolument dans le même cas…

— Si cela continue, nous tomberons malades…

— Mais non, mon cher, mais non !… Quand nous nous connaîtrons mieux, nous n’aurons plus de ces soupçons ridicules… il faut bien que nous nous habituions l’un à l’autre…

— Je crois que nous y mettrons le temps…

— Que voulez-vous, nos relations ont commencé de façon si… imprévue ! Avouez tout de même que vous avez eu une sacrée veine… car, somme toute, vous bénéficiez simplement d’une erreur… Si au lieu de me tromper d’étage comme je l’ai fait, j’étais allé chez M. Bénoni, aujourd’hui je serais probablement en Hollande et vous…

— Moi… mais je me serais débrouillé… j’ai des relations…

— En ce cas, vous auriez bien dû vous en servir au lieu de vendre les bibelots de votre propriétaire… Mais à propos, c’est demain qu’elle revient… Elle va en faire une tête quand elle va voir son appartement dévalisé…

— Ah ! en voilà assez, à la fin… Savez-vous que vous commencez à m’échauffer les oreilles… Depuis une