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retiré des affaires

— Bah ! une nuit est vite passée !

À une église voisine dix coups s’égrenèrent lentement.

— Dix heures ! dix heures seulement, grogna Manzana…

Il se tut cependant et je crus qu’il s’était endormi, mais m’étant soulevé sur ma couche, je vis ses deux yeux qui brillaient dans l’alcôve.

— Ah ! ah ! s’écria-t-il, vous regardiez si je dormais… Je parie que vous voulez encore me chiper le revolver.

— Vous êtes malade, mon ami…

— Alors, pourquoi me regardiez-vous ?

— Et vous ?… Je pourrais vous retourner la question… est-ce que vous ne chercheriez point, par hasard, à me reprendre le diamant ?

— Ah !… Dieu de Dieu ! cela devient énervant à la fin… Si nous continuons à nous méfier ainsi l’un de l’autre, nous finirons par devenir fous tous deux…

— Cette situation est ridicule, j’en conviens, aussi la combinaison que je vous proposais, hier, serait-elle de beaucoup préférable…

— Oui, le dépôt dans une banque… Ça, jamais !

— Vous serez cependant obligé d’en venir là, je vous assure.

— Non… je ne crois pas… D’ailleurs, j’espère que nous n’allons pas moisir en Angleterre. C’est un pays qui ne me dit rien… mais rien du tout.

— Vous y avez séjourné longtemps ?

— Oh ! une quinzaine, tout au plus.

— Alors, vous n’avez pas pu apprécier le charme de la vie anglaise… Là-bas, ce n’est point comme ici la vie bruyante, extérieure… c’est la bonne petite vie de famille dans un cottage bien clos, devant un feu de houille et une bouteille de whisky.

— Alors, quand nous… aurons réalisé notre fortune, c’est en Angleterre que vous vous retirerez ?

— Oui, si vous ne me tuez pas avant…

Manzana se dressa sur son lit :