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XII

la facheuse nuit

Une large allée sablée, bordée de plantes exotiques, s’ouvrait devant nous et aboutissait à un grand bâtiment blanc flanqué à droite et à gauche d’énormes caisses peintes en vert où s’obstinaient à pousser des arbustes rachitiques. Un parc avec des parterres de fleurs d’hiver s’étendait à perte de vue, bordé dans le fond par une ligne d’arbres géants. Un bassin parsemé de nénuphars miroitait au soleil ; des enfants accompagnés de leurs nounous jouaient sur le sable devant une rotonde garnie de bancs et de chaises.

Un grand écriteau placé au coin d’une allée nous apprit que nous étions au Jardin des Plantes de Rouen.

— Je crois, murmura mon compagnon, que l’on ne viendra pas nous chercher ici…

— Je ne le pense pas… Asseyons-nous donc un peu au soleil pour nous reposer.

Un banc était libre : nous y prîmes place et, tout en laissant errer notre regard sur les pelouses et les massifs de fusains, nous envisageâmes froidement la situation.

— Nous ne pouvons retourner en ville, dis-je à Manzana.

— Bah ! et pourquoi ? Rouen est vaste et c’est encore là que nous serons le plus en sûreté. Que voulez-vous que nous fassions par ici ? Nous sommes en pleine campagne et nous ne tarderons pas à être remarqués. D’ailleurs, vous avez assez d’expérience pour savoir que c’est