Page:Galopin - Mémoires d'un cambrioleur retiré des affaires, 1922.pdf/107

Cette page a été validée par deux contributeurs.
107
retiré des affaires

— Supérieurement, mon cher… et je tiens à vous adresser tous mes compliments pour la façon merveilleuse dont vous avez bâillonné et ficelé nos voleurs… Sans vous, je le reconnais, je n’aurais pu mener à bien cette petite expédition.

— Bah ! J’ai fait ce que j’ai pu… Il ne s’agissait pas de lambiner… nous jouions notre liberté.

— Et notre fortune…

— Oui… et notre fortune… mais je crois qu’il serait bon de nous tenir sur nos gardes, car la police va s’occuper de cette affaire et commencer une enquête…

— Évidemment… À Paris ce petit drame passerait presque inaperçu, mais ici, il va prendre des proportions colossales. La ville va être sens dessus dessous…

— Que comptez-vous faire ?

— Mais partir et le plus vite possible encore…

— Et de l’argent ?

— Attendez… nous en avons peut-être…

Et, tirant de ma poche le portefeuille que j’avais dérobé à ma « victime », je me mis à l’explorer rapidement.

Hélas !… il ne contenait en tout et pour tout qu’un billet de cinquante francs !

— C’est maigre ! fit Manzana… Quels purotins que ces gens-là… Et pourtant, ça en faisait des manières ! on aurait dit qu’ils étaient les fils d’un nabab ! après tout, c’était sans doute l’autre qui avait la galette, vous savez, celui qui est venu frapper à la porte…

— Peut-être… En ce cas, il est fâcheux que nous ne soyons pas tombés aussi sur lui… Mais dites donc, mon cher, je ne sais si vous êtes comme moi, j’ai l’estomac dans les talons… Allons déjeuner… nous verrons ensuite à quitter la ville.

Un caboulot portant comme enseigne « Aux Débardeurs » étalait devant nous sa façade malpropre, aux glaces étoilées. Nous y entrâmes et nous fîmes servir à une petite table, mais à peine fûmes-nous assis que je regrettai