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retiré des affaires

Nous démaillotâmes cette dernière, mais au moment où je commençais à explorer les poches de sa jupe, quelqu’un frappa à la porte trois petits coups rapides.

Nous demeurâmes immobiles, retenant notre respiration. On frappa encore une fois, et une grosse voix demanda : « Ludovic… êtes-vous là ? »

Quelques secondes s’écoulèrent, puis le visiteur n’obtenant pas de réponse et pour cause se décida à s’en aller.

Nous l’entendîmes descendre l’escalier, et quand le bruit de ses pas se fut éteint tout à fait, je continuai ma « fouille ».

Peut-être n’y mis-je point toute la réserve qu’un gentleman doit observer à l’égard d’une femme, mais bien m’en prit, car je découvris enfin, cousu à la jarretelle de la dame le petit sac en peau de daim qui contenait le diamant.

Après m’être assuré que c’était bien mon Régent qui était enfermé dans ce sac, je glissai celui-ci dans la poche de mon gilet, aidai Manzana à reficeler la « senora », et nous nous dirigeâmes vers la porte.

Je reconnais qu’à ce moment mon cœur battait une furieuse chamade et j’aurais bien donné dix ans de ma vie pour être dehors.

Nous écoutâmes. Un petit craquement nous fit tressaillir et nous crûmes un moment que quelqu’un se tenait en arrêt, derrière la porte. Ce fut ensuite le martèlement rapide et léger d’une bottine de femme sur le tapis du couloir, puis le pas lourd d’un homme qui descendait l’escalier.

En bas, on entendait un tintement de verres et d’assiettes et parfois la sonnerie tremblotante du téléphone qui couvrait tous les bruits.

Je jetai un coup d’œil sur nos deux « victimes » ; elles n’avaient pas bougé de place et je me demandai si leurs bâillons ne les avaient pas étouffées.

Pris d’un remords, je m’approchai doucement de